Vilandre de Roquemorte

La brute de la famille Aténaar

Description:

Si lors de vos pérégrinations dans les bas fonds de Couronne d’Ouest vous évitez de justesse, au moment d’entrer à l’auberge des Douze Morts, un importun dont le vol plané n’est que la prémisse d’un atterrissage brutal dans un monceau d’ordures. Si le point d’impact au départ de cette envolée est un “poing” d’impact appartenant à un géantin moustachu dont le pourpoint s’ouvre sur un torse velu. Si ce vigoureux garçon tient sous son autre bras une trainée, maquillée comme une gondole volée, portant la chope de bière colossale du Brutal et riant comme une dinde.
Si vous rencontrez le soir même un malabar identique, bien que mieux apprêté aux couleurs de la vielle maison Aténaar, beuglant dans une réception mondaine où le gratin de la ville vient se montrer son dernier vert à lèvres. Qu’il s’empiffre d’un porcelet en gelée tout en besognant le décolleté de la soubrette de la maison, et qu’il s’échine à convaincre un vieillard de lui céder ses parts dans son commerce de céramiques du Chéliax.
Si le lendemain, votre énergumène est armé de pied en cap et découpe en rondelles une bande de Jean-Foutre, mercenaires à bas prix, sans qu’une estafilade ne vienne mettre à mal la mise de ce guerrier.

Alors vous venez de rencontrer Vilandre Aténaar de Roquemorte.

Bio:

La naissance de Vilandre Chrysolophe Wilberforce Parsifal Marie-Héraklion fut un événement majeur qui devait sceller la renaissance de la famille Aténaar. Premier enfant de la nouvelle génération de cette vieille famille, il était le renouveau, l’espoir d’Augusta et de Giacomo-Arcangelo. Toutes les marraines-bonnes-fées de Couronne d’Ouest avaient été rassemblée pour manifester les meilleurs augures sur la destinée de ce nourrisson. Mais il faut croire que plus d’une devaient être passablement éméchées et qu’au lieu d’encenser le berceau de leurs louanges elles n’ont pu que vomir à grands jets les remugles d’un avenir de caniveau.
Rapidement, l’enfance et l’adolescence de Vilandre ressemblèrent à un champ de ruines. Rétif à l’autorité, violent, insoumis et mauvais il passait son temps entre les mauvais tours joués au personnel de la maisonnée et les jupons des gourgandines de basse extraction qu’il ramenait dans les écuries. Battant ses frères, volant et insultant les commerçants, ses parents durent finir par admettre que si Vilandre manifestait des aptitudes certaines aux arts soldatesques et aux activités physiques en général, il ne correspondait guère au Seigneur qu’il devait devenir. Seule Augusta, sa mère, a toujours bénéficié d’un traitement de faveur et semble la seule personne au monde capable d’amonester tendrement son aîné sans que celui-ci n’entre dans une colère destructrice.

Désespérés, un nouvel espoir survint dans la famille quand Richemar Alamansor, le Licteur de l’Ordre du Chevalet et vieil ami Giacomo-Arcangelo, cru discerner en ce jeune trublion l’étoffe d’un grand militaire qui, il en était certain, lui succèderait à la tête de l’Ordre du Chevalet des chevaliers Infernaux, dans la citadelle de Rivad.

Mais Vilandre démontra vite son incapacité à supporter l’ordre, la droiture et la discipline. Les maître d’arme du prytanée distinguaient en lui un combattant de premier rang, mais tout ce qui devaient faire de lui un officier brillant était mis à mal. Les tavernes sordides et les auberges à soldats voyaient plus souvent sa visite que les bancs des cours de stratégie militaire. C’est dans années heureuses qu’il se lia d’amitié pour Léonis, gnome artificier de la Légion.
Sa nature imposante et son habileté aux armes étant des atouts insuffisants pour convenir aux canons des Chevaliers, Vilandre fut donc invité à aller faire ses coups pendables ailleurs.

Après son échec auprès des Chevaliers Infernaux, son père voulu le bannir de Couronne d’Ouest. Seules les négociations de Niccolò, son plus jeune frère, habile manipulateur, auprès du Baron lui évitèrent ce châtiment.
Malgré les intercessions de sa mère, la lassitude et l’exaspération du père de Vilandre furent telles qu’à son retour, Giacomo-Arcangelo déclara que son fils était destitué de ses droits d’aînesse et qu’il faisait cet incapable Baronnet de Roquemorte, une terre abandonnée et stérile du Rego Cader, le Secteur des Morts.

La naissance d’Aurora fut le premier événement qui évita à Vilandre de couper les ponts familiaux. Sans savoir vraiment pourquoi, il s’attacha tout particulièrement à cette sœur honnie de son père et cloua sur différentes portes du quartier les vêtements des jeunes gens qui avaient pu lui faire des misères.

Arcibaldo, le bâtard du Baron, a , lui, rapidement été placé par son père dans un Institut pour éviter les colères d’Augusta à son égard. A son retour, il est apparu comme l’exact opposé de Vilandre : discret, introverti, patient, mesuré… Le bâtard a quand même bien sauvé la mise de Vilandre il y a deux ans, quand le vicomte Guxer Ciucci le découvrit dans le lit de sa fille Délilée. Par un prodigieux tour de passe-passe, Arcibaldo, déguisé en majordome Ciucci, survint et baratina tellement le Vicomte que ce dernier en finit par remercier Vilandre d’avoir pris soin de la demoiselle avant de le raccompagner aimablement à la sortie…

Vilandre est maintenant un mélange improbable d’éducation noble dégénérée de Couronne d’Ouest et de brute sans aucun scrupule. Il passe la majeure partie de son temps entre les tavernes glauques et les salons dorés des vieilles familles où son penchant pour la provocation et son rejet de l’étiquette lui permettent d’alterner à hauteur égale coups pendables et rixes.
Mais le juger pour autant idiot et épais serait une grave erreur. Son ambition et ses appétits sont immenses et l’idée de pousser la Maison Aténaar vers les sommets est maintenant ce qui l’anime. Il sait que c’est par là qu’il pourra gagner en pouvoir et assouvir toutes ses envies.

Vilandre de Roquemorte

L'Agonie de Couronne d'Ouest Prolixe